Aux fidèles de la paroisse Sagrado Corazón de Jesús d’Ypacaraí (Paraguay)

 

Mes chers amis,

Ce temps où nous vivons est fortement caractérisé par une grande confusion de mots et de fake news (nouvelles fausses), qui Homilia 65 15 05 2021 1 franous créent de grandes difficultés lorsque nous devons prendre des décisions importantes et responsables.

Jamais comme maintenant nous devons avoir le courage de proclamer que seulement la parole de Dieu, la Vérité, peut nous sortir de l’indifférence, de l’insignifiance, de la simple répétition de “ce que tout le monde fait”.

Jésus a enfreint la loi du sang, de l’appartenance à une race, à un groupe fermé de personnes, qui nous condamne à répéter toujours le même type de vie. C’est pourquoi Il a été crucifié, parce qu’Il était la Parole de Vérité qui brise toute sorte de chaîne ; la Parole qui, cependant, ne peut pas mourir, parce qu’elle est l’Amour qui libère et, donc, qui ressuscite.

La mort de Jésus appelle tout le monde à prendre une décision ; c’est un temps de silence dans lequel Dieu se tait pour que l’homme, dans le silence absolu et en pleine liberté, puisse prendre une décision : lutter pour la Parole ou entrer dans un mutisme bestial ; être du côté de la vie ou vivre dans l’insignifiance, dans la répétition et dans l’imitation de la majorité, sans vouloir écouter, décider et agir de manière autonome et pour le bien.

C’est par la Parole que tout a été créé, comme nous le rappelle le livre de la Sagesse : “Dieu de mes pères et Seigneur de miséricorde, par ta parole tu fis l’univers” (Sg 9, 1). C’est par sa Parole que Dieu “a dompté l’abîme, il y a planté des îles” (Sir 43, 23) ; le Fils “porte l’univers par sa parole puissante” (He 1, 3).

Cette Parole était, au commencement, auprès de Dieu. Tout a été fait par elle et sans elle, rien n’a été fait de ce qui existe. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes (cf. Jn 1, 2-4). Pour nous les hommes et pour notre salut, cette même Parole “s’est faite chair et a habité parmi nous” (Jn 1, 14).

Les Évêques d’Amérique latine, dans le Document de Santo Domingo, ont affirmé que

“dans l’acte de la communication du Père par le Verbe fait chair, le Verbe devient libérateur et rédempteur pour toute l’humanité dans la prédication et dans l’action de Jésus. Cet acte d’amour par lequel Dieu se révèle, uni à la réponse de foi de l’humanité, engendre un dialogue profond. Le Christ est donc le modèle du communicateur ; en lui, Dieu, le totalement Autre, vient à notre rencontre et attend notre réponse libre” (n. 279).Homilia 65 15 05 2021 3 fra

Quand la Parole est proclamée, quand elle nous est présentée comme la parole de Dieu “vivante, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants, qui va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, et juge des intentions et des pensées du cœur” (He 4, 12) ; quand la Parole nous est présentée avec toute sa puissance fascinante d’une Vérité devant laquelle “tout est nu, soumis à son regard” (He 4, 13), alors nous ne pouvons plus nous cacher. Car les œuvres de tout homme sont devant elle, “rien ne peut rester caché à ses yeux” (Sir 39, 19). Face à cette Parole, nous sommes appelés à faire notre choix. Le premier effet de cette Parole est qu’elle ne nous permet plus de nous cacher, de vivre au niveau des choses, mais provoque en nous une réponse. Que ce soit un oui ou un non, la Parole ne nous permet pas de vivre au niveau des choses sans la liberté de nous autodéterminer.

Désormais nous sommes appelés à prendre position : “Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse” (Lc 11, 23).

“La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur et le pain à celui qui doit manger ; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission” (Is 55, 10-11).

Nous sommes aidés sur ce point par la pensée d’un grand théologien et exégète luthérien allemand du siècle dernier : Rudolf Bultmann.

Bultmann écrit que, pour Jésus, la valeur de l’homme n’est pas déterminée par une quelconque qualité humaine ou par la Homilia 65 15 05 2021 2capacité de sa vie psychique, mais uniquement par la façon dont l’homme se décide dans le hic et nunc (ici et maintenant) de son existence.

Jésus voit donc l’homme comme celui qui est dans son hic et nunc, dans la décision, avec la possibilité de se décider par son action libre. Seul ce que l’homme accomplit maintenant lui donne sa valeur.

Cela souligne la nécessité d’éduquer au courage de la décision.

“Le courage lui-même consiste en une décision, un acte résolu qui surmonte les résistances qui conduiraient à l’inaction. Toute décision comporte une difficulté parce qu’elle opère un choix, elle exclut certaines possibilités en en choisissant une seule parmi beaucoup d’autres, mais dans l’acte courageux émerge avec force la puissance du ‘oui’ qui est prononcé, ou plutôt vécu, comme étant si lumineux qu’il occulte les nombreux ‘non’ créés par la décision elle-même. Le courage, que les anciens Latins appelaient fortitudo, la vertu de la force d’âme, est la force par rapport à soi-même, la force qui combat et surmonte la lâcheté et la bassesse qui nous menacent et nous conseillent de rester dans l’espace clos de nos sécurités, en nous donnant de nombreux alibis raisonnables pour ne pas agir. La décision courageuse est un exercice de liberté. Et elle devient aussi le courage de s’opposer, de dire non, en fuyant les tentations de plaire aux autres et de flatter celui qui est plus fort et plus puissant que nous. Le courage devient ainsi une capacité critique, l’attitude de celui qui ne se rend pas dépendant des autres et subordonné à eux, mais ose être lui-même. Le courage est la force et la volonté de choisir dans la nuit, c’est-à-dire au milieu des difficultés, mais il a la force d’une illumination, d’un fiat lux, d’un phare qui montre le chemin vers une humanité plus vraie" (L. Manicardi, Spiritualità e politica).

Prions le Seigneur – par l’intercession de cette jeune Israélite qui a eu le courage de la décision lorsqu’elle a répondu à l’annonce de l’Ange par les mots : “Voici la servante du Seigneur : que tout m’advienne selon ta parole” (Lc 1, 38) – afin que nous aussi puissions être en mesure de répondre comme Elle, lorsque la parole de Dieu nous appelle à prendre notre décision.Homilia 65 15 05 2021 4a

 

Separador de poemas

 

À l’occasion de la fête patronale de la capilla San Isidro Labrador, j’adresse mes salutations et mes remerciements – pour tout le travail qu’ils font avec passion et amour depuis de nombreuses années – aux coordinateurs, M. Isidro Candia Argüello et Mme Nilsa Beatriz Leiva de Candia.

Je prie pour eux et pour tous les chers fidèles de cette capilla, en invoquant la protection de saint Isidore le Laboureur dans cette guerre dans laquelle ils sont en train de lutter courageusement et douloureusement contre l’ennemi commun, l’affreux et lâche COVID-19.

Et que la bénédiction du Dieu tout-puissant,
le Père, le Fils et le Saint-Esprit,
descende sur vous et demeure toujours avec vous.
Amen.

 

Emilio firmaP. Emilio Grasso

 

(Traduit de l’espagnol par Michele Chiappo)

 

 

22/05/2021