Le texte que nous présentons est la rédaction partielle de l’intervention de l’Auteur lors de la “Quinzaine de Yaoundé”, en juillet 1996, qui voulait approfondir le troisième chapitre d’Ecclesia in Africa consacré au thème de l’inculturation et notamment celui de la spiritualité de l’inculturation.

L’Auteur lui-même souligne l’importance pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique en Afrique, “de s’arrêter sur livre Inculturationl’aspect spécifique de la dimension spirituelle de l’inculturation, perçue non pas comme une dimension intimiste ou purement subjective, mais comme un chemin de sainteté qui passe par l’intérieur de l’homme et le dirige vers sa réalisation intégrale dans un processus d’immanence et de transcendance qui requiert la foi en Dieu et en l’homme, ainsi qu’un exode continuel de soi-même pour laisser l’espace à l’autre” (p. 1).

En effet, après une première partie où E. Grasso présente d’une manière accessible et rigoureuse les concepts fondamentaux de la mission et de la rencontre avec les cultures, tels que l’acculturation, l’adaptation et l’inculturation, il insiste ensuite sur la dimension spirituelle de l’inculturation, en prônant “une spiritualité de la rencontre avec l’autre” (p. 15).

L’approche originale de l’Auteur souligne que dans la problématique de l’inculturation, ce ne sont pas les cultures qui se rencontrent. “Ce sont les hommes, porteurs d’une culture qui se rencontrent. Il n’y a pas de rencontre sans le protagoniste qui est l’homme. Ceci nous invite à faire attention à l’homme concret... Il nous faut lutter contre la tendance à croire que l’autre existe comme une fraction qui doit rentrer en nous” (p. 15).

Dans les pages du texte qui suivent, E. Grasso tire et développe des conséquences importantes : il faut considérer l’autre porteur d’une histoire qui vient de loin et savoir donc assumer les contradictions historiques de la rencontre entre l’Occident et l’Afrique. En même temps, il faut considérer que la culture de l’homme évolue, elle n’est pas statique. Il ne faut donc pas devenir des gardiens d’un passé figé.

En revenant à la source trinitaire de la spiritualité de l’inculturation, E. Grasso propose une image de l’Église comme une “icône” de la Trinité, puisqu’elle se construit comme unité des différences.

Bien sûr, cette communion ecclésiale dans la différence doit passer par un accueil authentique de l’autre dans sa différence et par la purification de la Croix. Chaque culture est appelée, en effet, à se remettre en question face à l’Évangile et à réaliser une nouvelle synthèse culturelle et ecclésiale.

L’Auteur vers la fin de ses propos, applique ces principes d’inculturation aux Instituts de vie consacrée. Il invite à redynamiser le charisme des Instituts, en réalisant une véritable inculturation du charisme. Cela signifie encore une fois pour l’Auteur une confrontation entre personnes ; il ne s’agit pas de confronter les cultures anciennes et nouvelles, mais d’être capables d’accueillir la nouveauté dont chaque jeune membre est porteur (p. 25 ss).

En conseillant sa lecture, nous soulignons que ce texte d’E. Grasso, tout en étant historiquement situé, demeure encore actuel pour l’originalité de son approche de la spiritualité de l’inculturation.

Antonietta Cipollini

 

 

Emilio Grasso, Jalons d’une spiritualité de l’inculturation. À partir de l’exhortation “Ecclesia in Africa”, Université Catholique d’Afrique Centrale, Département de Droit Canonique (“Cahiers de la Quinzaine de Yaoundé” 2), Yaoundé 1997, 28 pp.